| sa. 16 & di.17janv. happy days #3 PLAY BACH En complicité avec le Centre culturel de rencontre d’Ambronay L’Auditorium-Orchestre national de Lyon est un établissement de la Ville de Lyon, subventionné par l’État, soutenu par la Région Rhône-Alpes. Licences n° 1064009–1064010–1064011 – Photo couverture : Visuel : Walter Carlos / détail pochette «Switched on Bach», CBS 1968 La saison 15/16 de l’AuditoriumOrchestre national de Lyon est fleurie par 3 | | je. 14janv. Bach, Magnificat p. 4 | | sa. 16janv. Récital Richard Goode p. 5 Bach, Magnificat p. 6 Marathon Bach p. 7 | | di. 17janv. Musique de chambre – Bach/Telemann p. 8 Musique de chambre – Les Nouveaux Caractères p. 9 Jazz – Bach en jazz p. 8 Bach en 8 dates p. 11 La palette orchestrale de Bach : suites et concertos p. 13 Soli Deo gloria, cantates sacrées p. 14 Bach à l’orgue p. 19 Le clavecin savant et virtuose p. 22 Bach en jazz p. 24 L’ami Telemann p. 25 Mozart découvreur de trésor p. 25 Biographies p. 28 PLAY BACH SOMMAIRE | je. 14 janv. 20h | symphonique BACH, MAGNIFICAT Orchestre national de Lyon Chœur de chambre de Namur Ton Koopman, direction Richard Goode, piano Monika Eder, soprano Bogna Bartosz, mezzo-soprano Tilman Lichdi, ténor Klaus Mertens, baryton Johann Sebastian Bach (1685-1750) Suite pour orchestre n° 4, en ré majeur, BWV 1069 I. Ouverture / II. Bourrées I et II / III. Gavotte / IV. Menuet I et II / V. Réjouissance [20 min – p. 13] Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) Concerto pour piano n° 27, en si bémol majeur, KV 595 I. Allegro / II. Larghetto / III. Allegro [27 min – p. 25] Entracte Johann Sebastian Bach Magnificat, BWV 243 (Version révisée en ré majeur) I. Magnificat anima mea (chœur) / II. Et exultavit (aria) / III. Quia respexit (aria) / IV. Omnes generationes (chœur) / V. Quia fecit mihi magna (aria) / VI. Et misericordia (duo) / VII. Fecit potentiam (chœur) / VIII. Deposuit (aria) / IX. Esurientes (aria) / X. Suscepit Israel (trio) / XI. Sicut locutus (chœur) / XII. Gloria Patri (chœur) [33 min – p. 16] 4 | sa. 16 janv. 15h | récital RICHARD GOODE Richard Goode, piano Johann Sebastian Bach Suite française n° 5, en sol majeur, BWV 816 I. Allemande / II. Courante / III. Sarabande / IV. Gavotte / V. Bourrée / VI. Loure / VII. Gigue [17 min – p. 23] Quinze Sinfonie (Inventions à trois voix), BWV 787 à 801 I. Sinfonia en ut majeur, BWV 787 / II. Sinfonia en ut mineur, BWV 788 / III. Sinfonia en ré majeur, BWV 789 / IV. Sinfonia en ré mineur, BWV 790 / V. Sinfonia en mi bémol majeur, BWV 791 / VI. Sinfonia en mi majeur, BWV 792 / VII. Sinfonia en mi mineur, BWV 793 / VIII. Sinfonia en fa majeur, BWV 794 / IX. Sinfonia en fa mineur, BWV 795 / X. Sinfonia en sol majeur, BWV 796 / XI. Sinfonia en sol mineur, BWV 797 / XII. Sinfonia en la majeur, BWV 798 / XIII. Sinfonia en la mineur, BWV 799 / XIV. Sinfonia en si bémol majeur, BWV 800 / XV. Sinfonia en si mineur, BWV 801 [24 min – p. 23] Partita n° 2, en ut mineur, BWV 826 (Extraite du recueil Clavier-Übung I) I. Sinfonia / II. Allemande / III. Courante / IV. Sarabande / V. Rondeau / VI. Capriccio [14 min – p. 23] En partenariat avec Les Grands Interprètes. 5 | sa. 16 janv. 18h | symphonique BACH, MAGNIFICAT Orchestre national de Lyon Chœur de chambre de Namur Ton Koopman, direction Monika Eder, soprano Bogna Bartosz, mezzo-soprano Tilman Lichdi, ténor Klaus Mertens, baryton Johann Sebastian Bach Suite pour orchestre n° 4, en ré majeur, BWV 1069 I. Ouverture / II. Bourrées I et II / III. Gavotte / IV. Menuet I et II / V. Réjouissance [20 min – p. 13] Magnificat, BWV 243 (Version révisée en ré majeur) I. Magnificat anima mea (chœur) / II. Et exultavit (aria) / III. Quia respexit (aria) / IV. Omnes generationes (chœur) / V. Quia fecit mihi magna (aria) / VI. Et misericordia (duo) / VII. Fecit potentiam (chœur) / VIII. Deposuit (aria) / IX. Esurientes (aria) / X. Suscepit Israel (trio) / XI. Sicut Locutus (chœur) / XII. Gloria Patri (chœur) [33 min – p. 16] 6 | sa. 16 janv. 20h30 | orgue MARATHON BACH Ton Koopman, Laurent Jochum et Vincent Warnier, orgue Élèves et professeurs des classes d’orgue du CRD d’Oyonnax, du CRR d’Annecy, du CRR de Lyon et du CNSMD de Lyon Johann Sebastian Bach Pièce d’orgue (Fantaisie) en sol majeur, BWV 572 Très vitement – Gravement – Lentement [8 min – p. 20] Prélude de choral «Wachet auf ruft uns die Stimme», BWV 645 [4 min – p. 20] Prélude de choral «Nun komm der Heiden Heiland», BWV 659 [5 min – p. 20] Fugue en sol mineur, BWV 578 [3 min – p. 21] Das Orgelbüchlein [Le Petit Livre d’orgue], BWV 599-644 [1h20 – p. 19] Fantaisie et Fugue en sol mineur, BWV 542 [13 min – p. 21] Partite diverse sopra : Sei gegrüßet, Jesu gütig, BWV 768 [20 min – p. 21] Passacaille et Fugue en ut mineur, BWV 582 [13 min – p. 21] Concerto en la mineur d’après Vivaldi, BWV 593 I. Allegro / II. Adagio / III. Allegro [12 min – p. 21] Fantaisie en ut mineur, BWV 562 [6 min – p. 22] Toccata et Fugue en ré mineur, BWV 565 [9 min – p. 22] 7 | di. 17 janv. 11h | musique de chambre BACH/TELEMANN Musiciens de l’Orchestre national de Lyon : Giovanni Radivo, Jaha Lee et Catherine Menneson, violon / Fabrice Lamarre, alto / Nicolas Hartmann, violoncelle / Pauline Depassio, contrebasse / Jocelyn Aubrun et Emmanuelle Réville, flûte / Guy Laroche, hautbois Sarah Jouffroy, mezzo-soprano Klaus Mertens, basse Ton Koopman, clavecin Georg Philipp Telemann (1681-1767) Quatuor pour flûte traversière, hautbois, violon et basse continue en sol majeur TWV43:G2 (Extrait de la Tafelmusik, 1re partie, n° 2) I. Largo – Allegro – Largo / II. Vivace / III. Moderato / IV. Vivace / V. Grave – Vivace [13 min – p. 24] Johann Sebastian Bach Cantate BWV 158, «Der Friede sei mit dir» I. I. Der Friede sei mit dir (récitatif) / II. Welt, ade, ich bin dein müde (aria et choral) / III. Nun, Herr, regiere meinen Sinn (récitatif et arioso) / Hier ist das rechte Osterlamm (choral) [11 min] Sinfonia de la Cantate 209, «Non sa che sia dolore» [5 min – p. 17] Aria «Ach Herr ! Was ist ein Menschenkind», extrait de la Cantate BWV 110, «Unser Mund sei voll Lachens» [5 min – p. 17] Cantate BWV 82, «Ich habe genug» I. Ich habe genug (aria) / II. Ich habe genug (récitatif) / III. Schlummert ein, ihr matten Augen (aria) / IV. Mein Gott ! wann kommt das schöne : Nun ! (récitatif) / V. Ich freue mich auf meinen Tod (aria) [23 min – p. 17] Concerto brandebourgeois n° 4, en sol majeur, BWV 1049 I. Allegro / II. Andante / III. Presto [15 min – p. 14] 8 | di. 17 janv. 16h | musique de chambre LES NOUVEAUX CARACTÈRES Les Nouveaux Caractères Sébastien d’Hérin, clavecin et direction Jasmine Eudeline et Benjamin Chénier, violon Jocelyn Daubigney, flûte Johann Sebastian Bach Concerto brandebourgeois n° 3, en sol majeur, BWV 1048 I. [Allegro] / II. Allegro [12 min – p. 14] Concerto brandebourgeois n° 5, en ré majeur, BWV 1050 I. Allegro / II. Affettuoso / III. Allegro [20 min – p. 15] Concerto pour deux violons en ré mineur, BWV 1043 I. Vivace / II. Largo, ma non tanto / III. Allegro [16 min – p. 14] Suite pour orchestre n° 2, en si mineur, BWV 1067 I. Ouverture / II. Rondeau / III. Sarabande / IV. Bourrées I & II / V. Polonaise & Double / VI. Menuet / VII. Badinerie [20 min – p. 13] 9 | di. 17 janv. 19h | jazz BACH EN JAZZ Dimitri Naïditch,piano,arrangements,composition Gilles Naturel, contrebasse Arthur Alard, batterie [p. 24] Johann Sebastian Bach Prélude en ut majeur n° 1 et Fugue en ut mineur n° 2, extraits du Clavier bien tempéré 1er mouvement (Allegro moderato) du Concerto pour violon en la mineur, BWV 1041 Benedetto Marcello (1686-1739) 2e mouvement (Adagio) du Concerto pour hautbois en ré majeur (Arrangement de J. S. Bach, BWV 974) Johann Sebastian Bach Musette en ré majeur, BWV Anh. 126 «Air» de la Suite pour orchestre n° 3, en ré majeur, BWV 1068 Fantaisie sur la Symphonie n° 40, en sol mineur, KV 550 de Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) Johann Sebastian Bach Prélude n° 2, en ut mineur, extrait du Clavier bien tempéré «Badinerie» de la Suite pour orchestre n° 2, BWV 1067 10 En coproduction avec Jazz à Vienne 11 BACH EN 8 DATES « Oh ! happy days… » Un week-end ne suffira certes pas à donner un panorama complet de la prodigieuse inventivité musicale de Johann Sebastian Bach. Mais l’on pourra se délecter de la richesse contrastée des multiples facettes de son œuvre magistrale, qui inspire toujours les interprètes, qu’ils soient spécialisés en «musique ancienne» ou jouent sur instruments modernes. Bach, homme du xviiie siècle, reste définitivement actuel ! | | 1685. Naissance au cœur de l’Allemagne C’estàEisenach,petitevilled’Allemagnecentrale, dans cette Thuringe marquée par le souvenir de Luther, que Bach a vu le jour le 21 mars 1685. Il est le huitième et dernier enfant d’une famille qui pratique la musique professionnellement depuis plusieurs générations (on ne dénombre pas moins de 80 musiciens, parmi lesquels de nombreux organistes). De ses premières années, il ne reste aucun témoignage, mais on suppose que ses dons musicaux exceptionnels se sont manifestés précocement, au clavier comme au violon. | | 1695. Orphelin à dix ans En quelques mois la mort frappe, et le jeune garçon voit disparaître successivement sa mère puis son père. La fratrie est dispersée, et Johann Sebastian est recueilli au foyer de son frère aîné Johann Christoph, organiste dans la petite localité d’Ohrdruf (toujours en Thuringe, non loin de Gotha). Celui-ci lui transmet ce qu’il a appris auprès de son maître Johann Pachelbel : la grâce du jeu, l’équilibre de la composition. | | 1700. Élève à la maîtrise de Lunebourg Mais les temps sont durs, et le jeune garçon veut gagner sa vie et apprendre encore. Il est admis à l’école Saint-Michel de Lunebourg, non loin de Hambourg, qui accueille les «enfants de parents pauvres qui n’ont rien pour vivre mais ont une belle voix de dessus». À quinze ans, sa voix de soprano dut muer assez vite, mais il put continuer sa formation à Lunebourg, sans doute parce qu’il était habile instrumentiste et savait tenir sa partie dans les accompagnements. Il en profita pour faire des études approfondies : rhétorique, latin, grec, théologie… et dévorer la riche bibliothèque de partitions musicales qui lui permit de découvrir deux siècles de musique européenne. Il se rendit à plusieurs reprises à Hambourg et put écouter de célèbres organistes de l’Allemagne du nord sur leurs magnifiques instruments. | | 1702. Premiers engagements professionnels Le jeune Bach commence alors une carrière d’organiste, en revenant dans sa région d’origine. Au début de l’été 1703, il inaugure l’orgue de 12 l’Église-Neuve d’Arnstadt, dont il devient le titulaire. Mais il a soif de découvertes musicales. Ayant obtenu un congé de quatre semaines, il part à pied pour Lubeck (à près de 400 kilomètres), pour rendre visite au maître organiste de l’Allemagne du nord, Dietrich Buxtehude. Il s’imprègne d’un style flamboyant, virtuose et coloré, le stylus fantasticus, modèle d’audace et de liberté.Au lieu de quatre semaines, son escapade dure quatre mois, ce qui n’est pas sans poser problème à son retour. De plus, les autorités critiquent les étranges variations qu’il se permet, et les harmonies inattendues dont il pare désormais les mélodies de chorals… Dès que l’occasion se présente (un poste d’organiste vacant à Mülhausen), Bach quitte cette paroisse où on l’empêche de s’exprimer librement. Il se marie avec sa cousine Maria Barbara Bach. | | 1708. Organiste à Weimar N’étant resté que quelques mois à Mülhausen, il obtient bientôt un poste plus prestigieux : organiste,puis Konzertmeister à la cour du prince de Saxe-Weimar. Il y compose une bonne partie de ses grandes œuvres pour orgue, ainsi que ses premières cantates. C’est là qu’il découvre en outre la nouveauté des concertos italiens dont les copies et les éditions commencent à circuler. Bientôt, Johann Sebastien est père de famille et s’entoure d’élèves. Plusieurs de ses fils deviendront d’éminents musiciens. | | 1717. Musicien de cour à Coethen À Coethen, principauté calviniste, on ne joue pas de musique à l’église. Bach, nommé Konzertmeister, y est musicien de cour, et se consacre à la musique instrumentale, dans un environnement extrêmement favorable : le prince d’Anhalt-Coethen, musicien lui-même, entretient un ensemble de solistes chevronnés pour lesquels Bach écrit sonates, suites et concertos. Il se consacre également à la musique de clavecin, et compose notamment le premier livre du Clavier bien tempéré. En 1720, Maria Barbara meurt brusquement, et Bach se remarie l’année suivante avec une jeune femme douée d’une jolie voix de soprano, Anna Magdalena Wilcke. | | 1723. Cantor à Leipzig Mais Bach, pour qui toute musique doit être écrite «à la seule gloire de Dieu», ne pouvait rester longtemps éloigné de la musique d’église luthérienne. Il postule pour le poste de cantor dans la grande ville universitaire de Leipzig. La charge est écrasante :responsable de l’école SaintThomas, responsable des orgues et directeur de la musique des quatre églises de la ville et de l’université, il doit faire exécuter chaque dimanche une nouvelle cantate. Il compose cinq cycles annuels complets de cantates sacrées, ainsi que des œuvres de circonstances pour l’université et le conseil municipal… À cela s’ajoute en 1729 la responsabilité du Collegium musicum, orchestre d’étudiants qui donne des concerts hebdomadaires. Ces années laborieuses ne sont pas dénuées de tracas et de conflits avec les autorités ; Bach a un caractère bien trempé et n’est pas prêt aux compromis quand la qualité musicale est en jeu. | | 1750. «Devant ton trône, Seigneur, je vais paraître…» Dans ses vieux jours, son activité de compositeur se ralentit quelque peu. Il révise ses œuvres et se consacre à des compositions profondes et spéculatives comme L’Art de la fugue. La complexité de sa pensée musicale apparaît maintenant en décalage avec le goût musical de son temps, plus simple, aimable et galant, adopté même par ses propres fils. Il a cependant l’honneur d’être reçu en 1747 à Potsdam par le roi Frédéric II, qui lui soumet un thème sur lequel il improvise savamment : c’est l’origine de L’Offrande musicale. En 1750, devenu presque aveugle, il dicte ses dernières œuvres à ses disciples et s’éteint à Leipzig le 28 juillet. 13 LA PALETTE ORCHESTRALE DE BACH : SUITES ET CONCERTOS Au cours de sa carrière, Bach a de nombreuses occasions de se consacrer à la musique profane pour ensemble instrumental. Dans toute l’Europe émerge une nouvelle pratique : les concerts publics. Non seulement il n’est pas une cour qui ne veuille, pour son prestige, entretenir un orchestre, mais des sociétés de concerts se créent en dehors des palais et des églises, qui attirent un public bourgeois enthousiaste. Bien qu’il soit foncièrement attaché à louer Dieu dans sa musique, Bach ne résiste pas au désir de quitter l’austère cour de Weimar pour rejoindre la petite cour de Coethen, où le jeune prince, passionné de musique, a réuni un orchestre de dix-sept musiciens de premier ordre, rivalisant avec celui de Dresde, la grande et cosmopolite capitale saxonne. Plus tard, à Leipzig, Bach prend la direction d’un orchestre de bons amateurs, pour la plupart étudiants, qu’avait fondé en 1702 le jeune Telemann : le Collegium musicum. Cet ensemble se produit dans la salle du café Zimmermann chaque vendredi soir, et le mardi pendant les deux foires annuelles. À la belle saison, les concerts peuvent avoir lieu en plein air. On estime que Bach organisa environ 600 concerts pendant ces années, mais on n’a pas gardé trace des programmes ; il devait diriger ses propres œuvres et celles de ses contemporains allemands ou italiens, comme Telemann ou Vivaldi : suites de danses, concertos, sérénades… Or le catalogue de Bach comporte seulement 4 suitespourorchestre(parcomparaison,Telemann en a écrit quelque 600 !) et 25 concertos (dont seulement 17 partitions originales complètes), toutes ces œuvres étant restées inédites de son vivant. Sa production instrumentale dut être bien plus vaste, et beaucoup d’œuvres sont sans doute à jamais perdues. À Weimar, Bach s’était passionné pour le concerto, genre venu d’Italie, mais il n’avait fait alors que transcrire pour le clavier (orgue ou clavecin solo) des partitions qui circulaient en copies manuscrites ou en éditions, pour s’approprier un style et une forme qui lui paraissaient particulièrement nouveaux et attrayants. À Coethen, il compose pour l’orchestre du prince des concertos originaux, les célèbres Concerts brandebourgeois, d’une grande diversité de forme et d’effectifs. À Leipzig, les instrumentistes sont moins expérimentés,et c’est le clavecin qui est en vedette : les fils de Bach ont grandi et tiennent brillamment leur partie, rejoignant leur père dans des concertos à un, deux, trois voire quatre clavecins. On ignore quand et pour quelles circonstances ont été composées les suites pour orchestre.Avec leurs magnifiques ouvertures liminaires inspirées de Lully, elles révèlent le prestige attaché à la musique de cour française, modèle imité dans toute l’Europe. | | Suite pour orchestre (Ouverture) n° 2, en si mineur, BWV 1067 Dans une tonalité mineure qui n’a rien de mélancolique, la flûte traversière donne à la Deuxième Suite sa couleur particulière. Dans l’ouverture, après une première partie caractéristique du style français (rythmes pointés majestueux), elle devient carrément soliste de concerto, dans un style nettement italien. Les danses choisies ensuite par Bach s’écartent de celles qu’on trouve habituellement dans une suite baroque pour privilégier les «galanteries» à la française (les titres originaux sont indiqués en français). On y trouve aussi une «Polonaise» d’un caractère fier et un peu raide, qui possède un «double», variation ornementale où la flûte adoucit les contours du thème joué à la basse. Enfin, la célèbre «Badinerie» permet à la flûte de s’envoler dans des cabrioles à perdre haleine ! | | Suite pour orchestre (Ouverture) n° 4, en ré majeur, BWV 1069 Cette œuvre festive a été composée en plusieurs étapes : écrite à l’origine pour Coethen, elle ne 14 possédait pas encore les parties de trompettes et timbales. L’ouverture fut ensuite remaniée pour devenir le premier chœur de la Cantate BWV 110 pour le jour de Noël 1725. Bach y ajoute alors les trompettes pour célébrer ce jour de gloire. On suppose qu’il les a ensuite ajoutées à l’ensemble des danses, pour les concerts du Collegium musicum de Leipzig. Sa formation riche en instruments à vents (3 trompettes et 3 hautbois) la destine particulièrement au plein air. La tonalité de ré majeur permet de faire sonner brillamment les trompettes dans leurs notes naturelles (l’instrument était alors dépourvu de pistons). En guise de finale, Bach nous offre une «Réjouissance» pleine d’entrain et de bonne humeur. | | Concerto pour deux violons en ré mineur, BWV 1043 Le Double Concerto est l’un des rares concertos originaux composés à Coethen qui nous soient parvenus (avec deux concertos pour un violon et les six Brandebourgeois). Les deux solistes se fondent le plus souvent dans les pupitres de l’orchestre et, dans les soli, ils poursuivent le même type d’écriture rythmique continue, dans une inépuisable invention mélodique. Bach reprend la forme «moderne» des concertos vénitiens, sur le modèle de Vivaldi (trois mouvements vif/lent/vif) mais son écriture est plus polyphonique. Les solistes ont un rôle parfaitement équilibré, très souvent en imitation rigoureuse, voire en canon. Le sommet expressif de l’œuvre est son mouvement central, double cantilène des violons discrètement accompagnés, qui plane et s’enroule en volutes éthérées. Plus tard à Leipzig, Bach a transcrit ce concerto pour deux clavecins et cordes (BWV 1062). | | Concerts brandebourgeois Intitulés Six Concerts pour divers instruments, les Brandebourgeois ne sont pas des concertos au sens moderne du terme, mais des œuvres concertantes faisant dialoguer soit plusieurs groupes instrumentaux, soit plusieurs solistes au sein de l’ensemble.